Les cinq mots choisis par Fabio Viscogliosi, éleveur de pattes de mouches :
écho
Maquette
Caisse claire
Solo
Reprise
écho
Est-il nécessaire ?
L'écho rassure, de manière illusoire, car, bien entendu, si tout cela revient, il est probable que tout cela a rebondi, quelque part, contre quelque chose.
La question demeure : faut-il le créer de façon artificielle, tricher ? Il y aurait d'ailleurs beaucoup à dire sur la tricherie, car, comme le disait Georges Méliès et Leonard Cohen, tout est bon pour faire une chanson.
Les tricheurs en herbe peuvent donc utiliser plusieurs méthodes: modernité numérique, effet analogique vintage, collages et décalages manuels, cela dans le but de créer la douce illusion chère à Eddy Cochran. Pour le puriste, enfermé dans un espace réverbérant, disons un lieu de surface plus que raisonnable, l'écho devient naturel. On appelle cela « le son de pièce », ce qui est une bonne blague.
En 1956, Louis et Bebe Baron, composant la bande-son de Forbidden Planet, usent de l'écho à outrance. Ils savent combien il est présent dans l'inconscient collectif dès que l'on se mêle d'évoquer l'Espace interplanétaire (Ah ! Le fameux écho cosmique).
De son côté, Franck Sinatra, avec le déterminisme qui le caractérise, avait déjà répondu à la question : s'il y en a, de l'écho, c'est qu'il en faut !
Bon.
Maquette
Avant de construire un bâtiment ou d'enregistrer un disque, on réalise une maquette, c'est l'usage. Il fut même un temps où l'on en faisait une profession : maquettiste (le joli mot).
Dessinant les plans de sa première maison, ceci en 1973, mon père fabriqua une maquette à l'aide d'une boîte à chaussures. Le carton, découpé, collé et peint, donnait naissance à un objet qui devait me fasciner pendant plusieurs décennies. La maquette est un fantasme que l'on peut observer sous toutes les coutures, figurez-vous.
Par la suite, l'écoute assidue des Young Marble Giants achevait de me convaincre : moins c'est mieux.
Ou pour reprendre la formule du Père Bresson « Quand un violon suffit, pourquoi deux ? ».
Ouiche.
Caisse claire
En avril 1970, mes parents visitent New York.
Il est fort probable qu'ils aient croisé Bob Dylan sur Houston Street, sourcils froncés et caisse claire sous le bras. Car, en dépit de sa réputation de branleur, lorsqu'il s'agit de porter les choses, Bobby n'est pas le dernier, reconnaissons-le.
Pour ma part, je prône un allègement massif du matériel.
Solo
"Le plaisir de se masturber en état d'apesanteur remplissait ses soirées de présences gracieuses et dociles ; l'absence totale de bruits, de journaux, d'interlocuteurs adonnés à la surveillance morale contribuait à cette disponibilité nouvelle que rien ne dérangeait."
Juan Rodolfo Wilcock
"Dans l'Espace" in Le Stéréoscope des solitaires
traduit de l'Italien par André Maugé, Gallimard, 1976
Reprise
La reprise (à ne pas confondre avec le plagiat) est un exercice salutaire, mais il faut toujours citer ses sources.
Je tiens cette histoire de quelqu'un qui se reconnaîtra.
En fin de journée, Bach et Chopin vont prendre un verre au café.
Qu'est-ce que je vous sers ? demande le garçon à Bach.
Bach : Donnez-moi un petit whisky, un baby, s'il vous plait.
Ci fait.
Puis le garçon s'adressant à Chopin : Et pour vous, ce sera ?
Chopin : Oh, moi je prendrai un baby, comme Bach.
Marcel Duchamp, qui en connaissait un rayon en matière de reprise, faisait écho à cette histoire, déclarant en 1966 : "J'ai une vie de garçon de café."
Le tricheur.